À l'occasion du trentième anniversaire de la loi sur la prévention des risques professionnels de 1995, le gouvernement espagnol a déclaré faire de 2026 « l’année de la sécurité et de la santé au travail ». Le Conseil des ministres a approuvé début novembre, sur proposition du ministère du travail et de l'économie sociale de Yolanda Díaz (gauche radicale – qui est aussi vice-présidente du gouvernement) –, une déclaration institutionnelle visant à promouvoir l’année prochaine la culture de prévention dans le pays de Cervantes.
Dans son communiqué, le ministère du travail et de l’économie sociale s'engage à mettre en place des « campagnes permanentes de sensibilisation et d’information », à renforcer la recherche, l’innovation et le transfert de connaissances et à promouvoir une politique de coopération nationale et internationale en matière de prévention. Des « activités pédagogiques adaptées à chaque environnement d’enseignement » seront également organisées.
Par cette déclaration institutionnelle, le gouvernement espagnol réaffirme par ailleurs que « la sécurité et la santé au travail sont un droit fondamental et une responsabilité partagée » et assure que « l’adaptation réglementaire des mesures de prévention aux risques émergents continuera d’être encouragée ». Il évoque l'augmentation des risques psychosociaux, l'absence d'égalité « pleine et effective » entre les hommes et les femmes « dont la santé et les besoins en matière de prévention ont été largement négligés », les maladies professionnelles, le vieillissement de la population active et les impacts du changement climatique.
Ces annonces seraient matérialisées par une réforme de la loi relative à la prévention des risques professionnels actuellement négociée par les partenaires sociaux. Début novembre, Yolanda Díaz les a appelés à trouver un accord avant la fin du mois de novembre, selon l’Institut national pour la sécurité et la santé au travail espagnol (INSST). « Nous avons de nombreuses divergences, mais la santé des travailleurs n’en fait pas partie », a-t-elle déclaré, surtout à l’attention des organisations patronales, dont la Confédération espagnole des organisations d'employeurs (CEOE).
« La nouvelle réglementation introduira des règles plus strictes concernant les agents cancérigènes, biologiques et chimiques, actualisera les valeurs limites environnementales et améliorera les systèmes d'information et d'enregistrement des accidents du travail et des maladies professionnelles, précise l’INSST. Elle vise également à renforcer l'action de l'Inspection du travail et de la sécurité sociale. De plus, l'ensemble de ces mesures sera mis en œuvre dans une perspective d'égalité des sexes, permettant ainsi une action plus ciblée et efficace à l'égard des groupes majoritairement féminins. » Cette réforme s’inscrit dans la stratégie espagnole pour la sécurité et la santé au travail pour 2023-2027 adoptée en 2023.
Selon le journal El País, le ministère du travail propose par exemple de renforcer le contrôle de la prévention des risques professionnels dans les petites entreprises en créant un rôle d’« agent territorial de prévention » chargé de superviser les risques dans les entreprises de moins de dix salariés, et celui d’« interlocuteur » auprès des services de prévention.
Notons que l’Espagne a instauré l’année dernière un congé payé climatique de quatre jours pour les travailleurs en cas d’alerte liée à un risque météorologique à la suite des inondations meurtrières qui ont eu lieu fin octobre 2024 dans le Sud-Est du pays.